Quelles trajectoires pour les finances publiques?

Conférence de presse OFCE

Eric Heyer
Mathieu Plane
Xavier Ragot
Raul Sampognaro
Xavier Timbeau

vendredi 11 juillet 2025

L’objectif du Policy Brief

Le Policy Brief contient différentes estimations.

Le but

  • Contribuer au débat public sur l’orientation budgétaire, en
  • … posant un diagnostic en comparaison européenne et de long terme
  • Présenter une trajectoire de réduction des déficits et discuter celle du gouvernement
  • … des recommandations institutionnelles

Le Policy Brief ne présente pas mesures en dépenses et en recettes (plus tard).

Une histoire comparée des finances publiques françaises

Une histoire comparée des finances publiques françaises

Macroéconomie de l’évolution des dettes publiques

Une simulation de la consolidation budgétaire de la France

Conclusion

Vingt-cinq ans de divergence hexagonale

Figure 1: Comparaison du solde public français et de la zone euro (en pts. de PIB)

Zone euro vs France

Figure 2: Evolution des dépenses et des recettes des APU depuis 25 ans

Ecart entre le solde et celui stabilisant la dette

Figure 3: Evolution du solde public primaire et du solde public primaire stabilisant la dette

Donc des dynamiques de la dette publique différentes

Figure 4: Evolution de la dette publique

Anatomie d’une dérive du déficit public (1)

Sur la période 2017-2024

  • Le déficit public passe de 3,4 % du PIB en 2017 à 5,8 % en 2024

Comment expliquer cette dynamique? décomposition vsur le graphique suivant.

On observe:

  • 2 points par la dégradation du solde public structurel primaire

  • 0,6 point de PIB de mesures exceptionnelles (énergie)

  • Charge d’intérêts a contribué pour 0,3 point de PIB

  • Facteurs positifs : Croissance dynamique sur la période et « France Relance » (0,4 point de PIB).

Anatomie d’une dérive du déficit public (2)

Figure 5: Evolution du solde public entre 2017 et 2024 (en pts. de PIB)

du à la baisse des prélèvements obligatoires

Figure 6: Evolution des dépenses et des recettes des APU depuis 2017

et la baisse des prélèvements obligatoires (2)

Figure 7: Evolution des taux de prélèvements obligatoires (en pts. de PIB)

Détail des mesures

Tableau 1: Variation des principaux prélèvements obligatoires entre 2017 et 2024 (en pts. de PIB)
Ménages Variation Entreprises Variation
Total -1.7 Total -0.8
Taxe d'habitation -1.0 CVAE -0.5
IR et crédits d'impôts -0.3 Cotisations payées par les entreprises -1.1
Impôt sur la fortune (IFI, ex ISF) -0.1 IS avant crédits d'impôts -0.2
Contribution à l'audiovisuel public -0.1 TICPE et TICFE -0.3
DMTO -0.2 Taxe foncière -0.1
Cotisations payées par les ménages -0.6 Contributions pour la F.P. et l'apprentissage 0.3
CSG 0.9 Crédits d'impôt IS 0.6
Prélèvement de solidarité et autres contributions 0.1 Quotas carbone 0.1
Taxe foncière 0.1 Remise pharmaceutique 0.3
DMTG 0.1 Autres 0.0
TICPE et TICFE -0.3 NA NA
Autres -0.2 NA NA
Source: Insee. Calculs des auteurs

Pas de dérive des dépenses publiques

Tableau 2: Variation des dépenses publiques entre 2017 et 2024
En % du PIB potentiel Variation
Dépenses de fonctionnement 0.0
dont réumération des salariés -0.4
dont consommations intermédiaires 0.3
Intérêts 0.3
Prestations et autres transferts -0.8
dont prestations sociales en espèces -0.1
dont Transferts en nature 0.1
dont Subventions -0.6
Investissement 0.5
Total 0.0
Source: Insee. Calculs des auteurs

Macroéconomie de l’évolution des dettes publiques

Une histoire comparée des finances publiques françaises

Macroéconomie de l’évolution des dettes publiques

Une simulation de la consolidation budgétaire de la France

Conclusion

Mécanismes

Deux documents de travail séparés.

  1. Le déficit primaire structurel est la variable clée dans l’évolution de la dette. La stabilisation de la dette recquiert un effort cumulé de l’ordre de 3,5 points de PIB (Quelle durée?)

  2. L’effet de la politique budgétaire sur la dette croît dans le temps (cf Espagne et Portugal).

  3. Il faut une consolidation budgétaire initiale plus importante, puis une décroissance dans le temps. Ce profil temporel est appelé Frontloading, dépend du niveau de chômage.

  4. L’effet sur le chômage est plus faible si la consolidation est plus étalée dans le temps. Cependant, la dette publique peut beaucoup augmenter avant de décroître, pouvant induire des hausses de taux d’intérêt.

Une simulation de la consolidation budgétaire de la France

Une histoire comparée des finances publiques françaises

Macroéconomie de l’évolution des dettes publiques

Une simulation de la consolidation budgétaire de la France

Conclusion

Une discussion de la trajectoire budgétaire fraçaise

Trajectoires de la dette publique ont été analysées à l’aide de Debwatch (ici)

Hypothèses

  • 2025-2026: On utilise d’une part la prévision de printemps de l’OFCE (Politique budgétaire du PSMT)

  • 2027-2029: Politique budgétaire du PSMT de 2027 à 2029 et les éléments du rapport d’avancement du PSMT d’avril 2025 - page 40

  • Au-delà de 2029, on prolonge les tendances observées et on détermine, au delà de 2029 la politique budgétaire pour stabiliser la dette à 110% du PIB.

    Une consolidation plus progresssive

    Détermination d’une trajectoire optimisée plus progressive.

Un ajustement optimal plus étalé dans le temps

Figure 8: PSMT et politique budgétaire optimale

Compte central

Tableau 3: Compte central, PSMT, stabilisation de la dette à 110%
2024 2025 2026 2027 2028 2029 2030 LT (2050) Max. 25-50
Croissance du PIBa   1,2    0,5    1,1    1,1    1,0    1,1    1,8    1,1 
Ecart de productionb  −0,7   −1,4   −1,5   −1,6   −1,7   −1,8   −1,2    0,1  c  −1,8 
Croissance du PIB potentiela   1,2    1,2    1,2    1,2    1,2    1,1    1,1 
Inflationd   2,3    1,3    1,4    1,5    1,5    1,5    1,4    1,7 
Taux de chômagee   7,4    8,1    8,9    9,0    9,0    9,0    8,6    6,9    9,0 
Solde publicb  −5,8   −5,7   −5,1   −4,6   −3,9   −3,3   −3,0   −2,9   −2,5 
Solde public primaireb  −3,6   −3,4   −2,6   −1,9   −1,2   −0,5   −0,1    0,1    0,5 
Solde public structurel primaireb  −3,3   −2,7   −1,9   −1,2   −0,4    0,3    0,4    0,1    0,5 
Impulsion budgétaire primaireb   0,1   −0,8   −0,9   −0,7   −0,8   −0,7   −0,1    0,0 
   dont POb   0,4   −0,4   −0,4   −0,3   −0,4   −0,4   −0,1    0,0 
   dont dépenseb  −0,1   −0,4   −0,4   −0,3   −0,4   −0,4   −0,1    0,0 
Cumul de l'impulsion primaireb  −0,8   −1,6   −2,3   −3,1   −3,8   −3,9   −3,5  c  −3,9 
Taux souverain courantf   3,0    3,5    3,3    3,0    2,9    2,8    2,8    2,8 
Taux souverain pondérég   1,9    2,0    2,2    2,3    2,3    2,4    2,4    2,8 
Dette publiqueb 113,1  116,7  118,9  120,4  121,4  121,7  120,9  110,8  121,7 
Charge d'intérêtsb   2,2    2,3    2,5    2,6    2,8    2,8    2,9    3,0    3,0 
Données AMECO printemps 2025, première année de simulation : 2025
Simulation debtwatch v2.0 (github.com/OFCE/dwr), France, stochastique (256 tirages), valeurs moyennes
a évolution en % annuel, volume b % du PIB c Minimum d déflateur du PIB, évolution en % annuel e % de la population active f 10 ans, % annuel g % annuel

Un ajustement optimal plus étalé dans le temps

Tableau 4: Compte central, PSMT, stabilisation de la dette à 110%
2024 2025 2026 2027 2028 2029 2030 LT (2050) Max. 25-50
Croissance du PIBa   1,2    0,7    1,2    1,2    1,2    1,2    1,2    1,3 
Ecart de productionb  −0,7   −1,3   −1,2   −1,2   −1,2   −1,2   −1,1    0,0  c  −1,3 
Croissance du PIB potentiela   1,2    1,2    1,2    1,2    1,2    1,1    1,1 
Inflationd   2,3    1,3    1,4    1,5    1,5    1,5    1,5    1,7 
Taux de chômagee   7,4    8,0    8,7    8,7    8,6    8,5    8,4    7,1    8,7 
Solde publicb  −5,8   −5,7   −5,2   −4,9   −4,5   −4,1   −3,7   −3,0   −1,8 
Solde public primaireb  −3,6   −3,5   −2,8   −2,2   −1,7   −1,2   −0,8   −0,0    1,2 
Solde public structurel primaireb  −3,3   −2,9   −2,2   −1,7   −1,2   −0,7   −0,2   −0,0    1,3 
Impulsion budgétaire primaireb   0,1   −0,6   −0,7   −0,5   −0,5   −0,5   −0,5    0,1 
   dont POb   0,4   −0,3   −0,3   −0,3   −0,2   −0,2   −0,2    0,0 
   dont dépenseb  −0,1   −0,3   −0,3   −0,3   −0,2   −0,2   −0,2    0,0 
Cumul de l'impulsion primaireb  −0,6   −1,3   −1,8   −2,3   −2,8   −3,2   −3,4  c  −4,7 
Taux souverain courantf   3,0    3,5    3,3    3,0    2,9    2,9    2,8    2,8 
Taux souverain pondérég   1,9    2,0    2,2    2,3    2,3    2,4    2,4    2,8 
Dette publiqueb 113,1  116,6  118,8  120,5  121,8  122,6  123,1  110,1  123,2 
Charge d'intérêtsb   2,2    2,3    2,5    2,6    2,7    2,8    2,9    3,0    3,1 
Données AMECO printemps 2025, première année de simulation : 2025
Simulation debtwatch v2.0 (github.com/OFCE/dwr), France, stochastique (256 tirages), valeurs moyennes
a évolution en % annuel, volume b % du PIB c Minimum d déflateur du PIB, évolution en % annuel e % de la population active f 10 ans, % annuel g % annuel

Conclusion

Une histoire comparée des finances publiques françaises

Macroéconomie de l’évolution des dettes publiques

Une simulation de la consolidation budgétaire de la France

Conclusion

Conclusion (1/2)

Vers une stabilisation progressive et crédible de la dette publique

  • Deux trajectoires de la dette publique ont été analysées à l’aide de Debwatch.

  • La difficulté posée par ces deux trajectoires est le besoin de crédibilité dans l’ajustement budgétaire sur plusieurs années.

  • Une cible de déficit public à 10 ans demande une identification précise de l’évolution spontanée des dépenses et des recettes.

  • HCSP peut jouer ce rôle (CAE, le COR le HCAAM, le HCFEA, le HCFiPS, le HCC, le CNN), qui demandent à être agrégées et mis en cohérence.

Conclusion (2/2) : Des évolutions institutionnelles nécessaires

Évaluer la crédibilité des projections budgétaires à moyen terme

  • Haut Conseil des Finances Publiques (HCFP): A ce jour l’appréciation de la crédibilité des prévisions de recettes et dépenses se fait à un horizon seulement de l’année à venir.

  • Le dispositif institutionnel varie d’un pays à l’autre. Le CBO et l’OBR aux Etats-Unis et en Angleterre ont un rôle de cette nature. En France, une institution indépendante devrait réaliser ce travail. Une institution comme la Cour des Comptes, qui héberge déjà le HCFP pourrait jouer ce rôle de moyen terme.

  • Une règle d’or paraît un outil trop contraignant dans un environnement macroéconomique instable.